La corruption dans le sport, réel fléau au même titre que le dopage, n’est pas prête d’être vaincue selon Interpol et la FIFA. L’avènement des paris en ligne ne simplifie pas la donne.
« Il y a toujours eu de la corruption dans le sport, avant même l’apparition des paris sportifs, et il y en aura toujours, il y aura toujours des matchs truqués », a déclaré Rafl Mutschke, Directeur de la Sécurité de la FIFA vendredi dernier lors d’un congrès qui se tenait à Zurich. Un avis partagé par Michaela Ragg, qui s’occupe de l’intégrité du sport chez Interpol. « On peut essayer de réduire le phénomène des matches truqués mais on ne l’éradiquera pas. C’est pourquoi la prévention est essentielle. Expliquer aux sportifs comment se protéger, leur montrer pourquoi et par quoi ils sont vulnérables ». Selon la FIFA, « quelque 330.000 matches sont surveillés chaque année. Mois de 350 sont truqués », alors que 70 Mds€ seraient blanchis par le biais des paris sportifs, sur les 778 Mds€ misés chaque année par les parieurs. La FIFA a lancé un programme destiné aux 190 fédérations nationales ayant signé des accords avec Interpol afin de mieux lutter contre la corruption dans le sport, d’autant que l’avènement des paris sportifs en ligne a facilité la tâche aux fraudeurs. « Plus il y a d’argent en jeu et plus les criminels sont attirés », souligne Michaela Ragg.
En février dernier, une conférence internationale avait réuni des représentants du monde du football et de l’application des lois avec comme objectif de remédier à ce fléau. Quelque 200 délégués de 50 pays s’étaient réunis à Rome pour discuter des menaces que les matches truqués font peser sur le football et des moyens d’améliorer la prévention et l’investigation dans ce domaine. Pour mémoire, la FIFA s’est engagée dans une coopération de dix ans avec Interpol pour lutter contre la corruption dans le sport par le biais de la sensibilisation et la formation de personnes clefs, et la mise en place de stratégies destinées à détecter et à neutraliser les méthodes utilisées par le crime organisé. « Les matches truqués existent pour faire de l’argent, selon Mr Noble, directeur d’Interpol. Les paris illégaux qui entrainent le trucage des matches représentent un marché de l’ordre de centaines de milliards d’euros par an, ce qui signifie que les plus grands bookmakers ont des revenus comparables à ceux de la société Coca-Cola. Les organisations criminelles profitent des matches truqués à la fois par les revenus qu’ils génèrent et par la possibilité qu’ils offrent de blanchir des gains issus d’autres activités criminelles. Les matches truqués sont clairement une hydre qui doit être décapitée grâce à un effort national et international coordonné ».
Avec Sud-Ouest