Selon une étude de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) et de l’Observatoire des jeux (ODJ) publiée ce mercredi, les joueurs de poker en ligne ont des pratiques de jeu plus « à risque » en termes de fréquence de jeu et de dépenses que les autres joueurs en ligne.
L’OFDT et l’ODJ ont mené une enquête fin 2012 auprès d’un échantillon d’internautes dont la structure a été calée sur celle de l’ensemble des internautes français afin de mieux connaître le profil des joueurs en ligne et de savoir comment ils avaient adapté leurs habitudes de jeu au nouveau contexte législatif. Après avoir présenté les résultats pour l’ensemble des joueurs, les deux institutions ont décidé de publier une étude spécifique aux joueurs de poker. En effet, le poker occupe la deuxième place sur le podium des jeux pratiqués en ligne derrière des jeux de grattage et de tirage. 19,2% des joueurs en ligne ont d’ailleurs déclaré avoir joué au poker au cours des 12 derniers mois. Parmi eux, on recense 43% de joueurs exclusifs au poker. Selon cette étude, les joueurs de poker sont plus assidus que les autres joueurs en ligne et dépensent plus, avec 778€ en moyenne par an contre 627€ pour les autres joueurs en ligne. Par ailleurs, 20,9% d’entre eux jouent de manière quasi quotidienne, et 51,4% au moins une fois par semaine.
Une population de joueurs masculine, jeune et diplômée
Selon l’étude, 66,4% des joueurs de poker sont des hommes, et sont âgés, pour la moitié d’entre eux de moins de 31 ans et pour les trois quarts de moins de 40 ans. Une moyenne d’âge plus basse que pour les autres jeux en ligne. En termes de ressources financières, 27,8%. Cette population de joueurs est constituée à 34,9% de personnes n’ayant aucune activité professionnelle (essentiellement des jeunes chômeurs ou étudiants, ndlr), vivant majoritairement dans un environnement urbain et plus nombreux que les autres joueurs en ligne à afficher un niveau d’éduction élevé. Le joueur type est également célibataire (40%), et gagne moins de 1.500€ par mois (27,8% de la population des joueurs de poker).
Les joueurs de poker semblent s’intéresser davantage aux paris sportifs qu’aux jeux de tirage ou de grattage, qui attirent davantage les autres joueurs en ligne. Cependant, les joueurs exclusifs de poker en ligne ne délaissent pas pour autant les supports traditionnel de jeu et fréquentent plus les casinos que les autres joueurs en ligne. 42,8% d’entre eux jouent d’ailleurs également au poker de manière traditionnelle. On notera également qu’ils utilisent plus les nouvelles technologies, un quart d’entre eux utilisant un support de jeu nomade, contre 16,7% chez les autres joueurs, et sont plus enclins à multiplier les inscriptions sur les sites de poker en ligne.
Une plus forte propension à se tourner vers l’offre illégale
Seuls 53% des joueurs de poker jouent exclusivement sur des sites agréés par l’ARJEL. Près d’un quatre (23,5%) ne jouent que sur des sites non agréés, le reste des joueurs se tournant à la fois vers les sites régulés et les sites illégaux. Cette proportion de joueurs qui se tournent vers l’offre illégale est largement supérieure à celle des parieurs sportifs ou hippiques. Cette sensible désaffection d’une partie des joueurs pour l’offre légale pourrait être due à son manque d’attractivité sachant que toutes les variantes du poker ne sont pas autorisées, et que la constitution des tables est plus longue du fait du manque de liquidités. Certains gros joueurs privilégient également l’offre illégale afin de pouvoir affronter des joueurs étrangers. Un retour d’effet de mode n’est enfin aussi pas à exclure.
Des pratiques de jeu plus « à risque » que le reste des joueurs en ligne
Il ressort également de l’étude que les joueurs de poker ont des pratiques de jeu plus « à risque » que les autres joueurs, que ce soit en termes de fréquence de jeu ou de dépenses : ils sont plus assidus (20,9 % jouent de manière quasi quotidienne contre 10,9 % pour les autres joueurs en ligne) et, en moyenne, ils dépensent plus. Ces joueurs présentent une prévalence de joueurs problématiques beaucoup plus élevée au regard du reste des joueurs en ligne. L’Indice Canadien du Jeu Excessif (ICJE) recense 22,1 % de joueurs problématiques parmi les joueurs de poker (contre 16,5 % parmi les autres joueurs), dont respectivement 14,1 % de joueurs excessifs et 8 % de joueurs classés à risque modéré. Seuls quatre joueurs de poker sur dix sont classés sans risque par cet outil, contre six sur dix pour le reste de l’échantillon. L’analyse des différents items de l’ICJE est riche d’enseignements. D’une manière générale, et quel que soit le critère de jeu problématique considéré, les joueurs de poker affichent des prévalences plus importantes comparativement au reste des joueurs en ligne. Le souhait de « se refaire » à la suite d’un épisode de « malchance », est particulièrement présent chez les joueurs de poker. Le sentiment de culpabilité éprouvée est également davantage présent. Ce ressenti est accompagné d’une montée croissante du montant des mises, rendue nécessaire à mesure que l’expérience du joueur s’accroît. Enfin, les joueurs de poker font davantage l’objet de critique de la part de leur entourage proche comparativement au reste des joueurs. Notons que le poker pratiqué de manière assez assidue peut également entraîner des problèmes d’ordre sanitaires ou sociaux chez plus d’un joueur sur cinq.