Le poker est-il un jeu de chance ou plutôt un jeu d'adresse ? Ce questionnement, qui parait assez futile, a pourtant des répercutions dans de nombreux domaines, dont celui de la justice. Du coup, tous les regards se tournent vers la communauté scientifique, seule capable de répondre précisément à cette interrogation. Et d'après l'étude réalisée au sein de l'Erasmus University de Rotterdam, présentée le 15 août dernier sur le Social Science Resarch Network, le poker serait bien un jeu d'adresse et de stratégie. Une bonne nouvelle pour les meilleurs de ce jeu de table, qui ne seront plus seulement considérés comme de grands chanceux...
Une étude très précise
Conçue par deux étudiants en doctorat et un professeur de finance, cette étude néerlandaise s'est basée sur les résultats de plus de 415 millions de mains, sur des parties exclusivement en ligne. Ce nombre très important de joueurs et de manches suivis permet des résulats très pertinents, mais aussi de ne pas se limiter à des parties ou des modes de jeu particulier.
D'ailleurs, les chercheurs ont prouvé le peu d'importance du facteur chance. En effet, il a été démontré que les joueurs qui ont rapporté le plus de profit sur une période déterminée ont des possibilités plus grandes de réaliser de nouvelles fois des profits lors des mois suivants. Si on insiste sur cela en utilisant des chiffres, on peut signaler que 10% des joueurs, ceux ayant réussi à gagner le plus, ont deux fois plus de chance qu'un autre participant de refaire partie de ce pourcentage. D'ailleurs, l'étude montre aussi que les probabilités de gains s'accentue au fil du temps, preuve qu'acquérir de l'expérience de jeu est un atout pour atteindre les gains.
Les chercheurs de Rotterdam ont également pu faire un profil type du bon joueur de poker. Ainsi, jouer de façon serrée et agressive augmente de manière sensible la réussite au jeu. A l'opposé, la passivité n'est pas un bon moyen pour réaliser de bonnes manches.
D'autres études écartaient déjà le facteur chance
Les résultats de cette étude vont donc dans le même sens de ce que d'autres chercheurs avaient déjà mis en avant ces dernières années. Ainsi, Croson, Fishman & Pope et Levitt & Miles, en 2008 et en 2011, s'étaient arrêtés sur les parties en live, arrivant aux mêmes conclusions. D'autres expertises mettaient en avant les différents niveaux de joueurs existants, faisant un pied de nez à ceux qui ne mettent sur le tapis que la chance.
Des répercutions à prévoir ?
Si ces études ne bouleverseront pas en soi le quotidien des joueurs, elles pourraient provoquer des changements au niveaux des législateurs. En effet, rien qu'en France, le poker est considéré actuellement, et ce depuis un arrêt de la Cour de Cassation de 1945, comme un jeu de hasard. En tant que tel, les gains sont dans leur très grande majorité exemptés de taxes et d'impôts. Or, si le joueur a un impact personnel important sur le résultat, une législation particulière pourrait être décidée, changeant ainsi grandement ces mesures.